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Dessiner vers le centre : labyrinthes à travers le temps et l'espace

UN ESSAI DE MARA FISHER

« TOUTES LES INTERPRÉTATIONS SIGNIFIENT QUE L'UTILISATION DES LABYRINTHES REFLÈTE UN INSTINCT HUMAIN DE LAISSER UNE EMPREINTE SUR LA TERRE, DE CONTEMPLER LA NATURE ET SES COMPLEXITÉS ET D'EXAMINER SA PROPRE EXISTENCE, ET PEUT-ÊTRE CELLE D'UNE PUISSANCE SUPÉRIEURE. »

Le parcours sinueux du labyrinthe est emprunté par l'homme depuis des millénaires pour développer sa compréhension du monde naturel et s'engager dans une profonde quête de soi. Le chemin du labyrinthe peut symboliser la trajectoire de la vie ou le passage du temps ; son tracé, indirect mais décisif, peut être interprété comme s'alignant sur l'idée d'un destin préétabli ou de l'imprévisibilité de l'existence. Toutes les interprétations laissent entendre que l'utilisation des labyrinthes reflète l'instinct humain de laisser une empreinte sur la terre, de contempler la nature et ses complexités, et d'examiner sa propre existence, et peut-être celle d'une puissance supérieure.

La conception du labyrinthe précède celle du labyrinthe de plusieurs siècles et est considérée par certains chercheurs comme l'exemple déterminant de l'art de l'humanité - contrairement à un cercle ou à une ligne, le symbole ne reproduit pas une forme réellement trouvée dans la nature, ce qui en fait peut-être l'un des premiers exemples de culture visuelle dérivée uniquement de l'imagination.

Le premier symbole connu du labyrinthe – le labyrinthe classique à sept circuits, ou labyrinthe « crétois », est apparu partout dans le monde, s'insinuant dans notre conscience collective depuis la préhistoire jusqu'à nos jours. Bien que de nombreuses spéculations aient été émises sur des pétroglyphes représentant des labyrinthes datant peut-être du Néolithique, le plus ancien exemple connu du symbole du labyrinthe classique à sept circuits provient d'une tablette d'argile gravée datant de 1200 av. J.-C., provenant du palais mycénien de Pylos, dans le sud de la Grèce. Ce symbole sera ensuite utilisé dans toute la Méditerranée pour orner les pièces de monnaie crétoises utilisées à Cnossos entre 300 et 70 av. J.-C., en hommage au labyrinthe mythique du roi Minos, Thésée et le Minotaure.

Le mythe du Minotaure, mi-homme, mi-taureau, et du labyrinthe était bien connu dans le monde antique : Hérodote y faisait référence, et le poète romain Ovide l'inclut plus tard dans son poème narratif Métamorphoses (VIIIe siècle apr. J.-C. ). Le pouvoir transformateur d'un chemin sinueux et détourné semblait également préoccuper les poètes et le public grecs de l'Antiquité. L' Odyssée d'Homère , datant du VIIIe siècle av. J.-C., raconte un voyage labyrinthique de dix ans qui mène son protagoniste, Ulysse, à travers de nombreuses rencontres périlleuses pour finalement atteindre son foyer physique et son « centre » proverbial. La légende de Thésée et du Minotaure illustre l'allégorie du développement humain vers l'âge adulte au moyen d'un labyrinthe littéral : le jeune homme pénètre dans la structure en spirale conçue par Dédale et en ressort triomphant, éclairé par son expérience et prêt à assumer son rôle de roi d'Athènes.

On sait que les Romains appréciaient le labyrinthe pour son potentiel narratif et son attrait visuel, l'incorporant comme motif dans des mosaïques élaborées de sols et de murs de thermes, d'édifices publics et de villas privées entre le IIe siècle av. J.-C. et le Ve siècle apr. J.-C. Pour les Romains, les labyrinthes étaient purement décoratifs : dépouillés de leur signification philosophique, ces éléments graphiques étaient rarement destinés à être des motifs interactifs que les utilisateurs pouvaient tracer ou parcourir.

L'archétype du labyrinthe a été largement utilisé par les artistes, les écrivains et les cinéastes des dernières générations pour évoquer des sujets mystérieux, obscurs ou déroutants, ou comme allégorie des complexités de l'esprit humain. Le réalisateur Stanley Kubrick utilise ce symbole comme un procédé visuel suggérant le potentiel dangereux de l'esprit dans son film Shining de 1980. Au point culminant du film, les personnages secondaires doivent se frayer un chemin à travers un labyrinthe de haies tandis que la psyché du protagoniste sombre dans la folie. Explorant les possibilités fantastiques de l'esprit humain, le peintre, sculpteur et céramiste espagnol Jean Miró a conçu un jardin labyrinthique coloré à la Fondation Maeght de Saint-Paul-de-Vence, en France, pour permettre aux visiteurs de découvrir les méandres de son imagination.

Qu'on traverse un labyrinthe en marchant, en le traçant du regard ou du doigt, ses méandres créent un rythme capable d'apaiser l'esprit ou de contrecarrer les esprits malveillants, de communiquer une puissance ou d'offrir un voyage métaphorique en soi-même et d'en ressortir. Bien que leurs origines aient été obscurcies par le temps, les circonvolutions d'un labyrinthe recèlent en elles une essence intrinsèque et inexprimée qui a résonné chez les humains à différentes époques et en divers lieux du monde. Ces groupes ont en commun la conviction que le chemin le moins direct peut parfois être le plus éclairant : si certains détours semblent nous ramener en terrain connu, ils finissent par nous rapprocher toujours plus du centre.

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