Par Michella Oré
En vieillissant, j'apprécie davantage le fait de rester chez moi et de consacrer mon énergie à entretenir les relations qui comptent le plus pour moi : celles avec mes proches. Il peut être difficile d'entendre (littéralement) la récente décision d'un ami qui a changé sa carrière, plutôt que d'écouter des tubes du Top 40, ou de prendre le temps d'une véritable introspection sur nos relations altérées les uns avec les autres et avec nos corps, malgré les klaxons d'une circulation fraîchement rétablie.
Et malgré tous nos efforts, un salon chic ne peut jamais égaler l'intimité que procure un moment de détente après un repas dans le confort de son propre salon. Nos maisons sont ce que nous y mettons : nos joies, nos déceptions, nos rêves et nos peurs. Leurs murs sont non seulement un sanctuaire, mais aussi le reflet de qui nous sommes et de qui nous espérons devenir. Inviter nos amis et notre famille dans ces lieux, c'est partager ces morceaux de nous-mêmes qui renforcent ces liens. Et quoi de mieux qu'un repas pour réunir les gens ?

Il y a quelques années, je me suis donné pour mission de manger au restaurant autant que possible. Pourquoi rester enfermé à l'intérieur, alors que je pouvais voir et goûter tout ce que mon quartier avait à offrir ? En tant qu'écrivain, cette façon de manger était aussi plus pratique. J'ai passé des heures à la maison à rédiger et à corriger des textes jusque tard dans la soirée, réalisant qu'en fin de journée, ma seule chance de sortir était de faire un tour ou de m'arrêter manger un morceau.
L'année écoulée m'a cependant amené à réévaluer la façon dont je priorise mon temps personnel et la façon dont je me réserve des moments de communion. Si cela m'a donné encore plus envie de sortir, cela a également éveillé en moi l'envie de vivre cette même expérience à la maison, comme moyen de me connecter plus personnellement aux autres. J'ai réalisé que je me sentais plus épanouie lorsque je pouvais être présente avec mes amis, sans les distractions des montées et descentes de Uber, de la foule et des commandes passées avant la fermeture de la cuisine.
Organiser un dîner semblait être quelque chose que l'on faisait lorsqu'on atteignait un certain point dans sa vie, mais je réalise maintenant que c'est aussi simple que de préparer un menu réfléchi et d'envoyer des SMS à des amis un jour et une heure précis, comme le mercredi à 20 heures.
Pour choisir ce que nous allions manger, je me suis inspirée de la ville. On dit que passer de l'hiver à l'été à New York, c'est comme être transporté du jour au lendemain dans un tout autre endroit. Les gens se sourient en se croisant, les enfants courent partout, pleins de malice et de rires, et l'air, lourd et chaud, est porteur d'un optimisme renouvelé. Dans cet esprit, j'ai pensé que le meilleur profil gustatif était léger et riche en saveurs.
Le plat principal était simple : en entrée, de la laitue romaine garnie de tomates mûres, de concombres et de tranches de mandarine, le tout arrosé d'un filet d'huile d'olive et de citron pour plus de peps ; en deuxième, des raviolis à la ricotta nappés d'une sauce au beurre noisette. Le dessert était un assortiment de biscuits, de biscuits au thé et une génoise Castella achetée chez Keki's Modern Cakes, au bout de la rue. Pour les boissons, j'ai préparé mon cocktail du moment : un Negroni classique avec des glaçons, agrémenté d'un zeste de mandarine pour une touche de douceur.
J'ai appris que la simplicité est essentielle lorsqu'il s'agit d'organiser un dîner entre amis. Inutile de se ruiner pour un somptueux repas composé de trois plats, qui risque de rester inachevé dans l'excitation des retrouvailles, de la danse au rythme de la musique et de l'oubli du moment.

Grâce aux leçons apprises l'année dernière sur la création d'espaces de pleine conscience, je souhaite continuer à cultiver ces relations essentielles avec intention. Bien sûr, certains soirs, ce sera juste un dîner pour deux, mais pour les soirées plus festives en cette fin de pandémie, trois est, pour moi, le chiffre magique.
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